CMPB
Centre de Minéralogie et de Paléontologie de Belgique
CMPB

Index plan du site


Comment échanger vos fossiles en double avec d’autres collectionneurs ?
->lithorama.php Plan du site

D’après le texte original en anglais :
« Trading Fossils » de Mike Bruggeman.
https://www.gamineral.org
traduit par Philippe Cooreman

Chacun a sa, ou ses espèces fossiles favorites, et ne peut jamais avoir trop d’exemplaires identiques. C’est ce qui vous entraîne à passer une heure supplémentaire sur un site à en chercher un de plus, même si vous en possédez déjà quelques douzaines chez vous ! De plus il y a tous les autres fossiles que vous découvrez tout en cherchant vos espèces favorites, vous les ramassez malgré tout, les placez dans un sachet et les stockez quelque part dès votre retour chez vous. A l’occasion vous gardez quelques beaux exemplaires de chaque espèce afin de disposer d’une collection de référence pour ce site. Mais que pouvez-vous donc faire avec tous les fossiles en double ?

ECHANGEZ LES !

L’échange de fossiles est tout simplement une idée géniale. Pour le montant des frais postaux, vous recevrez de fabuleux fossiles contre des spécimens dont vous vous seriez probablement débarrassé à terme. Et vous apprendrez plus à propos des espèces que vous collectionnez.

La prochaine fois que vous ramasserez un joli spécimen de brachiopode commun dans l’Alabama, pensez-y comme un beau brachiopode d’Angleterre, d’Allemagne ou de Cincinnati. Il y a des masses de collectionneurs dans tout le pays, dans le monde entier, qui adoreraient échanger quelque chose que vous aimeriez réellement contre cet humble brachiopode d’Alabama. Suivez juste ces quelques lignes directrices et votre collection commencera à s’étendre, ainsi que votre esprit ! Dès que vous avez décidé de garder ce brachiopode en double, vous avez déjà accompli l’étape 1.

ETAPE 1. Gardez vos pièces en double.

ETAPE 2. Etiquetez tout.
« S’il vaut la peine d’être ramassé, il vaut une étiquette. » L’étape 1 ne signifie rien sans l’étape 2. Personne ne voudra d’un fossile sans une étiquette indiquant précisément sa localisation. Commencez par noter soigneusement le site sur une carte, et renseignez-vous concernant l’étage géologique et la formation si possible. Les collectionneurs locaux, membres de clubs, ou les employés sympathiques de votre université ou musée locaux seront la meilleure des sources d’information. Maintenant vous disposez d’un seau de fossiles sales et non identifiés, mais possédant ce genre d’étiquette :

Tranchée de route US 27 au Nord de Lumpkin, GA. Crétacé, Formation de Ripley.

ETAPE 3. Nettoyez vos spécimens.
Soyez assurés de ne traiter qu’une localité à la fois, afin d’éviter un mélange accidentel d’espèces. A ce stade rien de plus qu’un rinçage soigneux et doux à l’aide d’eau et d’une brosse à dents ne sera nécessaire pour enlever la crasse et la gangue friable. Disposez tous les fossiles à sécher sur un grand carton sur une table de ping-pong ou autre surface plane dans votre atelier « cailloux ». Admirez votre travail. Imaginez un ancien fond marin peuplé de cet assemblage intéressant. Montrez-les à un membre de votre famille. Dites « regarde ce que j’ai découvert ».

ETAPE 4. Triez par espèce.
Commencez par trier selon les groupes principaux, comme les brachiopodes, trilobites, dents de requins, etc. Ensuite éclatez les par espèces, ou ce qui vous semble être des espèces. C’est le moment de commencer à choisir votre collection de référence, un ou quelques-uns des meilleurs exemplaires de chaque espèce. Il devient évident qu’une forme de stockage devient indispensable. Vous devrez rassembler les spécimens d’une même espèce, mais les séparer des autres espèces. Il est également judicieux de garder associé tout ce qui provient d’une même localité. Et votre collection de référence sera tenue bien séparée des autres spécimens.

ETAPE 5. Le Stockage.
Pour de nombreux fossiles, les sachets refermables sont la solution. Utilisez des sacs à sandwiches ou de plus petits que vous achèterez sur des marchés aux puces ou par courrier. Les spécimens pouvant être rassemblés sans dommage dans des sacs sont certaines dents de requins et de raies, des fossiles résistants du Paléozoïque comme les brachiopodes, et la plupart des restes de vertébrés collectés au fond des rivières. Des types de fossiles plus fragiles comme les mollusques cénozoïques peuvent être stockés dans des boites plates en carton (alvéoles) pour éviter la casse. Ces boites peuvent être acquises dans les magasins de fournitures ou fabriquées à partir de carton plus ou moins léger. Des groupes d’espèces peuvent être gardés ensemble, en boites ou en sacs, dans des cartons plats de soft-drinks. Il est possible de les modifier afin de les empiler ce qui économisera l’espace. Chaque espèce de la collection de référence devra être stockée dans sa propre alvéole, et ces dernières peuvent être rassemblées dans des boites plates en carton ou des étagères à tiroirs peu profonds. IMPORTANT : Assurez-vous que chaque alvéole et sachet possède sa propre étiquette de localisation !

ETAPE 6. Identification des espèces.
L’idée est d’identifier votre collection de référence et par la suite ajouter les noms d’espèces aux fossiles constituant votre stock d’échanges. Le format adéquat est : Genre espèce auteur. (ex. Exogyra costata Say.) Vous désirerez sans doute inclure un taxon plus élevé sur le label. (Phylum, Ordre ou Classe) L’étiquette finalisée ressemble à présent à cela :

Bivalve
Exogyra costata Say
Crétacé : Formation Ripley
Tranchée de route US 27 Nord de Lumpkin, GA
collecté par Joe Rocksalot

La manière la plus simple d’identifier vos fossiles est de les comparer avec des spécimens déjà identifiés. Tentez de demander à d’autres collectionneurs familiers de la localité. La plupart des amateurs seront contents de partager ce type d’information et heureux de montrer leurs fossiles à d’autres. Vous pouvez également obtenir de l’aide de l’équipe du département de géologie de l’université ou du Muséum d’histoire naturelle les plus proches. La meilleure méthode, bien que la plus difficile, est de réaliser vous-même la détermination de vos pièces. Les publications traitant d’identification de fossiles ne sont aisées ni à dénicher ni à utiliser. Ce n’est pas comme se servir d’un guide de terrain pour identifier un oiseau, par exemple. Il y a beaucoup plus de fossiles que d’oiseaux, et vous essayerez fréquemment d’identifier des spécimens incomplets. Mais la récompense d’avoir par vous-même obtenu cette information est immense :

Vous apprendrez nettement plus sur la paléontologie.
Vous apprendrez plus sur votre région de collecte et ses formations.
Vous découvrirez que les publications d’identification de fossiles sont votre meilleure source pour de nouvelles localités.
D’autres personnes vous demanderont de les aider à déterminer leurs fossiles.

Où se cachent donc ces publications ?

ETAPE 7. Recherches dans la littérature.
Quelques guides « populaires » peuvent aider, et disposent de nombreuses informations générales fort utiles. Le meilleur livre d’identification des invertébrés fossiles aux USA est encore et toujours « Shimer and Shrock’s Index Fossils of North America » (disponible chez Amazon.com). Pour l’Europe le guide « Fossiles de France et des régions limitrophes » des éditions Masson est un Must. Les services géologiques nationaux possèdent quelques-uns des meilleurs guides de détermination de fossiles à des prix très raisonnables. Il suffit d’écrire pour une liste gratuite des publications. Les documents les plus importants sont bien cachés dans d’obscurs journaux de paléontologie qui peuvent être dénichés dans les bibliothèques de quelques universités importantes. Si cela vous semble étrange et nouveau, ne soyez pas découragé, mais excité au contraire ! Au plus vous apprendrez au sujet des fossiles collectés, au plus vous apprécierez leur côté unique. Certains trouvent même la recherche et la collection de littérature paléontologique aussi intéressante que la découverte de fossiles !

ETAPE 8. La base de données.
Dès que vos fossiles sont identifiés et étiquetés, il vous faudra une méthode d’organisation de toute cette information. Un bon point de départ est l’utilisation de cartes d’index de dimension 3x5 pouces. Pour chaque espèce d’une formation particulière, préparez une carte et indiquez le nom d’espèce au sommet. Vous pouvez utiliser le code de la localité de préférence à l’information complète sur la localité sur chaque carte. Vous pouvez indiquer une note relative à la référence utilisée pour déterminer l’espèce. Et spécifier si vous disposez de doubles à échanger de cette espèce. Les cartes peuvent être rangées de différentes manières : par ordre alphabétique, par groupe taxonomique (bivalves, escargots, trilobites, etc.), ou par localité. Au fur et à mesure du développement de votre collection de cartes, il vous sera désirable de transférer ces données dans une base de données informatisée. (Microsoft Access est une bonne option, ou Trilobase qui est dédiée aux fossiles) La liste de fossiles stockée dans une base de donnée sur ordinateur vous permettra d’imprimer des étiquettes ou des listes d’espèces.

ETAPE 9. Trouver un amateur pour l’échange.
Rien ne bat Internet comme source pour la découverte de partenaires d’échanges. Mais même avant l’avènement de l’Internet il y avait de nombreux échanges qui avaient lieu. Les alternatives pour les échanges par Internet sont :

Membres de clubs, personnes de votre connaissance. Ils ont généralement une bonne partie du même matériel que vous, étant probable qu’ils visitent les mêmes sites, mais peuvent disposer de quelques espèces vous permettant de compléter votre collection locale. Ils peuvent également avoir des fossiles provenant de sites auxquels vous n’avez pas accès. Une rencontre d’échanges de petite dimension est un moyen efficace de savoir ce que vos amis ont à offrir.
Les membres d’autres clubs, personnes que vous rencontrez durant un voyage de collecte peuvent également être intéressés par l’échange. Des voyages multi-clubs sont de bonnes opportunités pour rencontrer des personnes possédant les mêmes centres d’intérêt.
Rejoindre le M.A.P.S., Mid-America Paleontological Association. Un catalogue de membres est publié chaque année incluant une information détaillée sur leur désir d’échanger et ce qu’ils destinent aux échanges.

Toutes ces sources paraissent bien minces eu égard à ce qui est disponible en ligne. Suit une liste partielle des sites actuels et actifs d’échanges de fossiles, et des nouveaux apparaissent régulièrement :

Bob's Rock Shop Rock Trader Classified Advertisements
Fossil Collector contact list
Fosswap
Paleomania To Trade
Serialfossiler
Mariah's trade page
Fossil Collector Forum

De temps à autre des vendeurs de fossiles effectueront des échanges avec des amateurs, même s’ils ne le spécifient pas sur leurs sites WEB de vente. Si vous fréquentez une bonne localité de collecte vous fournissant de nombreuses espèces plutôt rares ailleurs, cela peut valoir la peine de proposer des pièces par courriel à un vendeur. Voici une liste partielle des Négociants en fossiles :

Fossil Dealers Web Ring
Palaeo Jo's
Antiquarian Fossils
Primitive Worlds -Silurian Fossils
Fossil Fanatics
Glenn's Fossils
The Natural Canvas - Fossils
Canada Fossils
D&D Fossils

ETAPE 10. Premier contact.
Maintenant, vous avez quelques (dizaines ou centaines) d’espèces étiquetées disponibles à l’échange, et vous avez localisé l’annonce de quelqu’un qui serait intéressé par un échange. La meilleure méthode de contact est par courriel. C’est rapide, et vous gardez une trace écrite de ce qui a été dit. (au cas où vous essayez d’échanger avec plusieurs personnes, cela risque de devenir confus) Le courrier postal peut être décourageant s’il nécessite un temps interminable pour obtenir la réponse de l’autre partie. Le téléphone a quelques inconvénients, les appels longue distance sont chers et dénués de trace écrite au cas où vous auriez oublié des parties de la conversation. Et une fois en possession de votre numéro téléphonique, les tiers peuvent vous appeler souvent ou à des heures inopportunes.

La plupart des amateurs sont spécialisés dans certaines classes de fossiles qu’ils échangent : certains ne désirent que des dents de requins, d’autres uniquement des brachiopodes, etc. Idéalement vous désirerez échanger des listes de doubles des espèces disponibles à l’échange. (Facile à envoyer par courriel) Le premier contact est aussi le meilleur moment pour préciser si le partenaire désire un échange 1 contre 1, ou s’il est plus intéressé par échanger plusieurs espèces communes contre une rare ou unusuelle. Spécifiez que si l’une des deux parties n’est pas satisfaite de l’échange, elle peut renvoyer les fossiles sans rancune. (Ceci arrive rarement)

ETAPE 11. Le premier échange.
La première série de fossiles sera modeste, pas plus d’une vingtaine d’espèces. Il est d’usage que la personne répondant à l’annonce, pas l’annonceur, envoie la première boite. Vous préfèrerez emballer chaque espèce dans un petit sachet refermable, et essayerez d’inclure plus d’un exemplaire de chaque espèce. (Maximum 6) Sélectionnez des spécimens de bonne qualité, du genre de ceux que vous seriez heureux de recevoir. Les spécimens multiples seront chacun enveloppés dans un morceau de papier toilette et placés ensemble dans le sachet plastique avec une étiquette. Les espèces fragiles doivent être mis en sac séparément, et le sachet placé dans une boite à pilules pour une protection optimale. Utilisez un maximum de mousse et de frigolite pour compléter le colis postal afin que tout soit bien calé. Lors d’envois à l’étranger, le courrier postal est plus simple (moins de paperasserie) que UPS. Le formulaire des douanes est petit et aisé et vous devriez écrire un message du style « Roches paléozoïques pour étude – sans valeur », précisez une valeur à zéro. Cela évitera à votre partenaire de payer des droits ou taxes sur votre envoi.

ETAPE 12. Evaluer le premier échange.
En déballant votre premier paquet reçu en retour, répondez à ces questions :

Les spécimens ont-ils été correctement emballés ?
Les fossiles ont-ils souffert de dommages ?
Les informations sur les localités sont-elles complètes ?
Les espèces ont-elles été correctement identifiées ?
Est-ce bien le matériel que vous vous attendiez à recevoir en échange ?
Vous sentez-vous arnaqué ?

La plupart du temps vous serez emballés par ce que vous aurez reçu, en partie parce que vous n’avez pas réellement envoyé quelque chose de grande valeur, mais également parce que vous obtenez des espèces fossiles jamais vues auparavant.

ETAPE 13. Les échanges futurs.
Si vous êtes heureux de votre premier échange, vous désirerez en effectuer d’autres avec la même personne. Parfois des centaines d’espèces peuvent changer de main à la grande satisfaction des deux partenaires d’échanges. Vous désirerez peut-être également échanger de la littérature paléontologique, spécialement avec des personnes résidant à l’étranger. Finalement l’un des deux arrivera au bout de ses possibilités d’échanges intéressant l’autre, donc il faudra vérifier les sites Web d’échanges pour de nouveaux contacts. Au moment où vous vous sentirez à l’aise avec le processus d’échange, vous découvrirez qu’il n’y a pas de meilleure manière de compléter votre collection de fossiles.


top

Les Jauniaux sur le net

 

© CMPB