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© Pictures : MJX, except otherwise specified.
Marc JAUNIAUX
mise à jour : 19/08/2013
1. INTRODUCTION.
La promenade géologique/historique proposée dans cet article se déroule essentiellement à Ecaussinnes. Elle démarre à la gare d'Ecaussinnes
(N50 33.735 E4 09.421*). Elle se termine dans le site de l'ancienne carrière de Restaumont (N50 33.751 E4 08.690). Longue d'une dizaine de kilomètres, elle peut très bien se faire à bicyclette. Elle peut être combinée à la promenade géologique d'Ecaussinnes à Fauquez.
Elle permet d'observer les anciens sites des carrières de pierre bleue d'Ecaussinnes, ou tout au moins ce qu'il reste de cette importante activité passée.
Tous les sites décrits dans cet article sont dans des propriétés privées et une autorisation doit être demandée avant toute visite.
Ces sites ont été visités entre 1966 et 2013. Certains sont actuellement envahis par la végétation ou ont totalement disparu.
2. Le CARBONIFERE.
Ecaussinnes est connu notamment pour son château-fort (Château d'Ecaussinnes-Lalaing) (31 U 583355 5602430*).
L'éperon rocheux sur lequel a été édifié du XIème au XVème siècle cet important bâtiment est un affleurement de calcaire encrinitique du Tournaisien supérieur, Assise (**) des Ecaussinnes (T2), ou formation de Lalaing (LAL). C'est un calcaire argileux, friable, à structure schisteuse, riche en fossiles (crinoïdes et brachiopodes).Il correspond aux « cliquantes » des carriers. |
(Château-fort d'Ecaussinnes-Lalaing)
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Cette pierre tendre de couche superficielle fait contraste avec les moellons durs dont est fait le château et qui proviennent d'une carrière voisine exploitée en profondeur, le "trou Bodge" (31 U 583281 5602267*).
(trou Bodge)
Il s'agit du "petit granit" dont l'exploitation a connu un essor considérable couvrant, dans le Hainaut, un bassin industriel qui s'étendait de Maffle à Ligny.
Le "petit granit", appelé aussi pierre d'Ecaussinnes ou pierre bleue est une roche sédimentaire de l'étage Tournaisien du Carbonifère. Elle contient essentiellement du carbonate de calcium (88 à 99% ) mais aussi du carbonate de magnésium (1 à 8 %), de l'oxyde de silicium (1 à 2 %), de l'oxyde d'aluminium et de l'oxyde ferrique (0.2 à 0.5 %), du sulfure de fer (pyrite : 0.2 à 0.5 %) et parfois du fluorure de calcium (fluorite).
Son appellation de "petit granit" porte à confusion, puisque le granite (avec un e final) est une roche magmatique plutonique composée de feldspath, de quartz et de mica, cependant la grande quantité de fossiles cristallisés, les encrines, donne à cette roche un aspect scintillant analogue à celui du véritable granite. Notons que le terme granite est donné d'une façon générale à toute roche dure et grenue susceptible d'être polie et utilisée comme pierre ornementale (voir l'orthographe en minéralogie).
(quartier de Thiarmont)
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L'exploitation de ce "petit granit" a commencé, à Ecaussinnes, par des carrières situées dans le village même.
Ces exploitations sont aujourd'hui abandonnées sans aucune exception, mais elles ont formé dans l'agglomération un relief artificiel de "trous" et de "tiennes", de gouffres ennoyés et de collines plus ou moins boisées. |
Ce sont :
-La carrière Bodge, réputée la plus ancienne ou Delchambre; (31 U 583281 5602267*).
-Les carrières de Mayeurmont (Carrières Huart, Druart, Deridia,…ou trou Barette) ( 31 U 582374 5602037*)
-Les carrières du Champ des Marlières ( Jean Bodge,…)( 31 U 582960 5602692*)
-La carrière des Douze Bonniers (31 U 582684 5602500*)
-La carrière Rivière ou de l'Avedèle (31 U 582900 5601507*)
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(Trou Barette)
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Le Trou Barette et le Trou Rivière fournissent à la Compagnie Intercommunale Bruxelloise des Eaux (CIBE)(actuellement VIVAQUA) une eau calcaire, teintée de glauconie.
L'emplacement de ces exploitations se justifiait par :
-des affleurements qui rendirent inutile toute prospection;
- la facilité d'exploitation en surface
-la difficulté de travailler en profondeur (évacuation des terres à la brouette et des eaux par des pompes aspirantes ou des vis d'Archimède);
-la facilité qu'offraient les bancs même médiocres, de faible épaisseur en surface, correspondant à une utilisation locale (construction en maçonnerie de moellons);
-la proximité d'un habitat assez important.
Leur disparition se justifie par :
- la difficulté de travailler en profondeur (évacuation des terres à la brouette et des eaux par des pompes aspirantes ou des vis d'Archimède);
- le progrès technique qui a rendu nuls les avantages ci-dessus et permis d'atteindre des bancs plus épais, de les exploiter et de présenter par exemple, à l'exposition d'Anvers en 1885, un bloc de 10m de long sur 2.5m de large et 0.5m d'épaisseur;
- l'encombrement résultant des remblais.
- la présence des habitations du village sur les bancs exploitables.
Quelques « trous » ont servi de dépôts d'ordures et ont été remblayés.
Un peu partout dans le village se trouvaient des ateliers de tailleurs de pierre. Il en reste quatre.
(Atelier Cuisenaire)
L'exploitation de "petit granit" s'est finalement installée :
- dans l'est avec les carrières du LEVANT (31 U 584644 5601190*), celles de PAYELLES et de SCOUFFLENY (31 U 583753 5601420*),
actuellement fusionnées, les dernières à avoir extrait des pierres de taille; actuellement sous eau, elles font la joie
des nageurs et plongeurs de la région, surtout en ces périodes caniculaires.
(Carrière du Levant)
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(Carrière de Scoufflény) (photo Nels)
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- dans le sud avec les carrières GOFFART, LENOIR et de THIARMONT (31 U 581726 5601314*), inexploitées depuis quelques années, actuellement réserve d'eau potable (CIBE).
(Trou Goffart)
- dans l'ouest avec les carrières de RESTAUMONT desquelles on n'extrait plus de gros blocs de pierre mais bien des produits concassés (devenue carrière Nocarcentre , actuellement sous eau ) (31U 581039 5601663*).
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Vue aérienne de 1969 (anciennes carrières de Restaumont et de Thiarmont) - (photo IGM) |
Vue aérienne de la Carrière Nocarcentre (2001) |
Pour s'y rendre, passer sous le chemin de fer, remonter la rue A. Pouplier puis la rue J. Blondeau.
L'examen de l'ancienne carrière de RESTAUMONT, prise comme exemple, montre sous une épaisseur variable d'argile yprésienne, des bancs calcaires d'épaisseur variable inclinés régulièrement de 17 cm par mètre en direction du sud. Leur hauteur totale est de 28.15 m, mais l'existence de pierre calcaire, jugée peu intéressante à l'époque a été reconnue jusqu'à 38 m.
La hauteur de l'exploitation est coupée en deux parties inégales par une formation caractéristique et constante, le "délit à la terre" : un lit schisteux de 20 cm souvent ramené à l'état d'argile.
Sous le "délit à la terre", 18 bancs sont exploités; leur épaisseur varie de 35 cm à 5 m (formation des Ecaussinnes (ECA), membre de Soignies (SOI) ou petit granit véritable).
Au-dessus du "délit à la terre", 14 bancs donnent une pierre médiocre, plus argileuse et sont de faible épaisseur (formation de Mâlon Fontaine (MAF), membre de Thiarmont (THI) appelé aussi « raches sans cherts » par les carriers). Plus au Sud, au hameau de Mâlon-Fontaine (31 U 582662 5601099) , au moins 2 carrières exploitaient des calcaires gris bleutés, très peu fossilifères semblables au Membre de Thiarmont, mais contenant de nombreux cherts noirs en rubans ou en nodules. C'est le Membre de Cognebeau (COG) de la même formation et correspondant aux « raches avec cherts » des carriers.
Dans les bancs, des cassures verticales ( diaclases ) sont comblées par les terrains superposés; d'autres , les "limés", sont remplis de calcite compacte. D'autres défauts de la pierre sont les « fontinnes », géodes, parfois remplies d'eau, couvertes généralement de beaux cristaux blancs, verdâtres ou bruns, parfois de cristaux mauves de fluorite.
Les principaux fossiles, Spirifers, Productus, articles d'Encrines se trouvent surtout dans le "bousin", pierre en décalcification.
Nocarcentre exploitait vers le Sud des couches encore plus profonde de Viséen, avec peu de fossiles (actuellement sous eau).
Une description plus détaillée de ces carrières fait l'objet d'un article plus spécifique.
La vallée de la Sennette ne permet pas de voir aisément le Tournaisien inférieur (assise de Hastière (T1)), que l'on trouve sur la rive droite de la Samme, à la Roquette : calcaire dolomitique, calcaire noir argileux, calcschiste. On le trouve sous les grès, au fond de la carrière du Banc (voir plus loin) (membre de Feluy (FEL)).
De la gare prendre l'Avenue de la Déportation bordée de quelques maisons de maître de carrière décorées de pierres de taille, puis la rue E. Martel avec à droite le Trou Barette, rue de la Haie et rue de la Marlière jusqu'au sentier de l'ancien chemin de fer vicinal (31 U 583044 5602496). Ce sentier surplombe le village en traversant la vallée de la Sennette au Pont des Soupirs avec une très belle vue sur le château-fort. |
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Du château-fort, prendre la rue Emile Vandervelde, la place du Pilori, la rue J. Boulle, la rue des Robinettes, le sentier et le tunnel des Amoureux (sentier touristique n°1 du Syndicat d'Initiative Senne-Samme-Sennette ou val de Sennette) (31 U 583725 5602996 ), qui contourne la propriété du château de la Follie. |
Quittez la rive Ouest du canal après l'écluse 21, traversez Feluy, Chaussée de Marche, traversez la N534 et le « nouveau canal ». Après l'usine chimique BP, tournez à droite (31 U 586076 5600994) pour rejoindre la rue de Scoufflény qui longe les anciennes carrières. Au carrefour de la croix mystérieuse (31 U 583630 5602234), prendre à gauche la rue de l'Espinette, puis la rue de l'Avedelle, longer le « Trou Rivière » avec à droite le « Petit Maquis », une ancienne « Tienne », rue C. Duray, rue Saint-Bernard jusqu'à la gare d'Ecaussinnes.
Ouf !
Je tiens à remercier pour leur aide précieuse, mon père André Jauniaux, professeur passionné de géographie, M. Jacques Riyé, ancien chef d'écoles, l'Abbé Léon Jous du Cercle d'Information et d'Histoire Locale des Ecaussinnes et Henripont (CIHL), et surtout Edouard Gondry, ancien tailleur de pierre, bâtisseur de cathédrale, mon mentor et précepteur.
Remarques
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* : entre parenthèses les coordonnées ((WGS84) lat/lon hddd° mm.mmm') des endroits décrits.
** : les assises se rapportent à l'ancienne carte géologique de Belgique, les Formations et Membres se rapportent à la nouvelle carte géologique de Wallonie.
Références
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Sorties à Soignies , Fauquez , Braine-le-Comte et Ecaussinnes, géologie de la Belgique, photos de fossiles et de minéraux, récoltés notamment à Nocarcentre..
1. Guides géologiques régionaux - Ardenne Luxembourg - Waterlot et all. - Masson - Itinéraire n° 10.
2. Guides géologiques régionaux - Belgique - Robaszynski et all. - Masson - Itinéraire n° 14.
3. Carte géologique de Belgique n°128 1/40000ème 1893.
4. Cartes topographiques de Belgique n°39/5-6 1/25000 de l'IGN 1954 et 1983.
5. Historique des carrières d'Ecaussinnes - L. Baguet - Annales du cercle archéologique du canton de Soignies - Tome XXXI - 1985.
6. Pierres et marbres de Wallonie - Ministère de la région wallonne - 1990.
7. Pierre bleue de Soignies, pierre toujours vivante - Centre de documentation de la Pierre Bleue - Soignies 1992
8. Historique des carrières des Ecaussinnes - A. Blase - Journal "La Sennette" 1947
9. Le travail de la pierre dans les carrières d'Ecaussines - Abbé Puissant - Vromant 1924
10. Mémoire n°6 du Service Géologique de Belgique - Ronquières - Documents géologiques - R. Legrand – 1967
11. Carte géologique de Wallonie 39/5-6 1/25000 - Ministère de la région wallonne - 2002
12. Notes personnelles de mon père André JAUNIAUX – 1968
13. Carte manuscrite des Ecaussinnes , Edouard Jauniaux,secrétaire communal - ~1935
14. Carte topographique de Belgique n°39/5-6 1/20000 de l'IGN 2000 (avec quelques noms de lieux orthographiés de façon fantaisiste)
15. Carte topographique de Belgique n°39/5-6 1/15000 de l'IGN 1954.
16. Cartes topographiques de Belgique n°39/5 et 6 1/20000 de l'IGN 1936.
17. Origine et exploitation de la pierre d'Ecaussinnes – M. Mary & R. Brodeaux. – Recueil n°13 du Cercle d'Information et d'Histoire Locale des Ecaussinnes et Henripont (CIHL).
Ce document a été publié dans les Lithorama N°7 et 8 – 2003 : Promenade géologique d'Ecaussinnes à Fauquez – M. Jauniaux, et a fait l'objet de nombreuses excursions sur le terrain.
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