La taxinomie, Une jungle !
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Règles de bonne pratique
pour les collectionneurs de minéraux et de fossiles.
I. LA TAXINOMIE, une jungle !
1. Introduction
Pour un amateur, l'une des principales difficultés réside
dans l'identification des fossiles qu'il a pu récolter.
Sur le terrain, s'il est possible d'user des noms
vernaculaires ou noms communs pour désigner provisoirement des taxons (des
animaux, des végétaux, fossiles ou vivants) non déterminés, il convient ensuite
de les identifier avec précision et pour cela d'utiliser le binôme latin
spécifique qui seul permet d'éviter toute confusion ultérieure et qui devrait
être connu et utilisé par tous (les scientifiques).
La taxinomie et la systématique sont issues de cette
nécessité pratique de nommer de façon universelle les êtres que l'on reconnaît
comme différents les uns des autres.
1.1. Taxi ou taxo ?
La taxinomie (du grec ταξινομία taxis, rangement, et nomos, loi) est la
partie de la biologie visant à établir une classification systématique des
êtres vivants. C’est la science des lois de la classification des êtres vivants
ou morts. Elle indique la procédure de leur description comparée, fournit les
moyens de les identifier, et fixe les critères et les règles de classification.
C’est une science exacte au même titre que la physique ou les mathématiques. Le
désordre apparent provient sans doute du fait que les scientifiques s’empressent
un peu trop vite de donner un nouveau nom à leur découverte pour la postérité.
Souvent, un peu plus tard, voulant remettre un peu d’ordre, on réexamine,
reclasse, regroupe et renomme les fossiles. La taxinomie est donc en
perpétuelle évolution et il faut se tenir au courant des derniers éléments pour
déterminer correctement ses trouvailles.
Le terme taxonomie fut inventé, pour définir la "la théorie des
classifications". L'orthographe fut corrigée en taxinomie par Émile Littré
mais l'autre forme reste pourtant très répandue. On écrira donc taxinomie.
La systématique, elle, recherche
les critères de relation entre les organismes afin d'établir un ordre dans leur
diversité. C’est donc l’utilisation de la classification , de la taxinomie.
La nomenclature, est la discipline « juridique » relevant de la taxinomie et de la systématique , qui a pour objet de définir et d'édicter les règles d'attribution et de priorité des noms scientifiques des organismes vivants (ou fossiles), appelés taxons.
2. Les Principes de la Taxinomie.
La taxinomie est une discipline de synthèse en constante
évolution. Le but ultime est de mettre au point une classification naturelle
des espèces pour dégager les entités évolutives, en tenant compte des rapports
existant entre elles et de leur degré de complexité. Des bouleversements
interviennent périodiquement dans la dénomination et l'ordre des groupes taxinomiques
ou taxons, suite à de nouvelles
études ou découvertes.
2.1. Taxons.
En taxinomie, un taxon est une entité conceptuelle qui est censée
regrouper tous les organismes vivants possédant en commun certains caractères taxinomiques ou diagnostiques
bien définis.
Ces caractères sont réputés homogènes en fonction de leur rang taxinomique, leur
« poids », valeur taxinomique relative, étant laissé à l'appréciation
des systématiciens.
L'espèce constitue le taxon de base de la classification systématique.
Plus le rang du taxon est élevé et plus le degré de ressemblance entre les
individus concernés (plantes, animaux, champignons, bactéries) diminue, et
inversement.
En nomenclature traditionnelle
(régie par les Codes de nomenclature), un taxon est :
- défini par sa circonscription,
fondée sur une information scientifique ou encore taxinomique, notamment
les caractères qui le distinguent de ses proches voisins. Cette
information peut être de toute nature : morphologique, génétique,
comportements culturaux, etc.
- identifié par son nom correct. C'est une information essentiellement nomenclaturale, relevant
des Codes internationaux de nomenclature propres à chaque discipline.
2.2. Rangs ou niveaux taxinomiques.
Continuellement enrichie depuis sa création, la classification
scientifique classique des espèces, actuellement désuète, mais encore très
souvent utilisée, est issue de celle de Linné. Elle reste une classification
importante car elle imprègne encore de nombreux écrits, souvent récents, ou
même les manuels scolaires.
Elle
propose une hiérarchie codifiée et fixe en 7 rangs principaux et 5 rangs
secondaires, présentée, dans l'ordre décroissant, de la façon suivante :
Monde vivant : règne → embranchement, division ou phylum → classe → ordre → famille → tribu → genre → section → série → espèce → variété → forme
(moyen mnémotechnique RECOFGE ou mieux : les rats essayent de courir où finissent les grands espaces.)
exemple : pour l'homme ( Homo sapiens Linnaeus, 1758. ) :
Règne |
Animalia |
Embranchement |
Chordata |
Sous-embr. |
Vertebrata |
Classe |
Mammalia |
Sous-classe |
Theria |
Infra-classe |
Eutheria |
Ordre |
Primates |
Sous-ordre |
Haplorrhini |
Infra-ordre |
Simiiformes |
Micro-ordre |
Catarrhini |
Super-famille |
Hominoidea |
Famille |
Hominidae |
Sous-famille |
Homininae |
Tribu |
Hominini |
Genre |
Homo |
Espèce |
sapiens |
La plupart des disciplines admettent des rangs infraspécifiques :
variété (ou race en zoologie) et forme, pour distinguer plus finement encore et
séparer les individus présentant des caractères communs réputés stables, mais
de faible valeur taxinomique. Une différence anatomique ne nécessitant pas la
création d'une espèce distincte. Ici intervient la sensibilité personnelle du
taxinomiste aux différences et aux similitudes, l'importance qu'il attribue à
certains caractères.
Des rangs secondaires sont prévus en ajoutant le préfixe « sous- » à
ces rangs principaux.
Les rangs taxinomiques utilisés en systématique traditionnelle pour
la classification hiérarchique à l'intérieur des cinq règnes du monde vivant
sont les suivants (par ordre décroissant) :
- Règne (Regnum)
- Sous-règne (Subregnum)
- Superembranchement ou Superphylum (Superdivisio, Superphylum)
- Embranchement, Division ou Phylum (Divisio, Phyllum)
- Sous-embranchement, Sous-division ou Sous-phylum
(Subdivisio, Subphylum)
- Super-classe (Superclassis)
- Classe (Classis)
- Sous-classe (Subclassis)
- Infraclasse (Infraclassis)
- Super-ordre (Superordo)
- Ordre (Ordo)
- Sous-ordre (Subordo)
- Infra-ordre Infraordo)
- Superfamille (Superfamilia)
- Famille (Familia)
- Sous-famille (Subfamilia)
- Tribu (Tribus)
- Sous-tribu (Subtribus)
- Genre (Genus)
- Sous-genre (Subgenus)
- Section (Sectio)
- Sous-section (Subsectio)
- Série (Series)
- Sous-série (Subseries)
- Espèce (Species)
- Sous-espèce (Subspecies)
- Variété (Varietas) ou Race
- Sous-variété (Subvarietas)
ou Sous-race
- Forme (Forma)
- Sous-forme (Subforma)
- En gras les 7 rangs principaux, en romaine les 5 rangs
secondaires, en italique les noms latins.
- Les taxons aux rangs de race et de sous-race n'ont pas
de noms scientifiques.
2.2.1. Le règne
C'est l'unité de classification la plus large. A l’école, on
parlait de 3 règnes : le règne animal, végétal et minéral (qui n’est pas
tout à fait un règne du monde vivant !).On distingue aujourd'hui 5 règnes.
- les procaryotes (bactéries et archéobactéries)
- les protistes (eucaryotes unicellulaires)
- les champignons (eucaryotes multicellulaires)
- les animaux (eucaryotes multicellulaires), c'est à dire les êtres
vivants qui se nourrissent de substances organiques végétales (herbivores)
ou animales (carnivores, détritivores).
- les végétaux (eucaryotes multicellulaires) qui exploitent
généralement directement les ressources de leur milieu physique.
D'autres caractères permettent de distinguer ces deux règnes
: les animaux sont plus mobiles, possèdent un système nerveux, des parois
cellulaires fines, des organes internes ; les végétaux non.
Parmi les fossiles, on parle aussi de règne indifférencié, pour ceux qu’on ne peut mettre avec certitude
dans une de ces catégories.
2.2.2. L'embranchement
(ou phylum)
Il correspond à des types d'organisation qui indiquent les
étapes de l'évolution.
A chaque étape, la vie s'est diversifiée à des degrés divers
en nombres et en formes.
Ces divisions sont les Classes, les Ordres, les Familles,
les Genres et les espèces.
Les affinités entre espèces sont soulignées par les unités
supra spécifiques. Les espèces sont regroupées en genres, les genres en
familles, les familles en ordres, les ordres en classes.
2.2.3. Les classes
La séparation des classes s'effectue sur des
caractéristiques très générales comme l'allaitement pour caractériser les
mammifères, animal à sang froid pour les reptiles.
2.2.4. Les ordres
Les organismes rattachés à un même ordre présentent des
similitudes plus grandes que celles qui les affectent dans une même classe.
2.2.5. Les familles
Les organismes d'une même famille possèdent en commun des caractéristiques
très précises et spécifiques.
2.2.6. Les genres
Ils correspondent à la réunion de toutes les espèces
présentant des caractères communs.
2.2.7. Les espèces
L'espèce (l'unité biologique) se définit par trois critères
:
- La similitude morphologique et physiologique : ensemble de
populations dont les individus se ressemblent plus entre eux qu'ils ne
ressemblent aux autres. Le classement
traditionnel des espèces est basé sur des caractères morphologiques. Dans de
nombreux cas, les critères sont basés sur la présence d'un caractère,
s'opposant à son absence, considérée comme primitive (par exemple vertébrés et invertébrés).
- La répartition écologique et de distribution : au sein
d'une même espèce plusieurs populations peuvent présenter des identités plus ou
moins marquées. Lorsque ces populations sont géographiquement isolées et bien
adaptées à leur habitat local par des formes différentes, on leur attribue le
rang de sous-espèce. Si elles
évoluent au point de perdre la faculté de se croiser entre elles, elles
deviennent de nouvelles espèces.
- L'interfécondité :
des variations peuvent également apparaître, tout en étant moins importantes,
et sans contrarier l'interfécondité potentielle. On leur donne le nom de variétés.
Lorsque les espèces sont nombreuses, il est utile d'avoir
recours à des niveaux taxinomiques intermédiaires : sous-classes, super ordres
ou familles, par exemple. Ces valeurs intermédiaires traduisent les difficultés
des systématiciens et constituent les raisons des changements réguliers qui
interviennent dans la nomenclature.
2.2.7.1. Combien d'espèces ?
Pour Linné, au XVIIIème siècle le monde comptait environ 67000 espèces
différentes. Aujourd'hui personne ne sait combien d'espèces existent sur la
planète. Certaines extrapolations donne des estimations entre 8 et 12 millions.
Témoignage des difficultés liées à la notion d'espèce, le nombre lui même
d'espèces connues et décrites reste flou entre 1,5 et 1,8 millions.
Un tableau approximatif peut être tracé :
- règne animal 1 320 000
espèces dont :
- arthropodes 1 085
000 espèces dont :
- insectes 950 000
- arachnides 75 000
- crustacés 40 000
- mollusques 100 000
- chordés 46 000
dont :
- poissons 22 000
- amphibiens 4000
- reptiles 6500
- oiseaux 9672
- mammifères 4327
- règne végétal 270 000
espèces dont
- champignons 72 000
- protistes 80 0000
- procaryotes 4000
Environ 10 000 nouvelles espèces sont décrites chaque année.
2.2.7.2.
Polymorphisme
On trouve dans la littérature scientifique des notions de
polymorphisme
C’est le cas de l’homme et de la femme (facile) mais aussi
par exemple chez certaines ammonites complètement différentes comme Costidiscus recticostatus et Macroscaphites yvani sans doute parce qu’on les trouve associées dans
les mêmes terrains. Qui est le mâle, qui est la femelle ? Difficile à
dire….Dans la logique des lois de la nomenclature, ils devraient porter les
mêmes noms de genres et d’espèces….
2.3. La nomenclature
2.3.1 Convention de
nommage
Depuis 1758, les animaux et les végétaux sont désignés par
des noms latins ou des noms grecs latinisés pour conférer un caractère
universel à la nomenclature des espèces.
Pour les rangs de genre et au dessus (supragénériques),
les noms sont simples : Ostrea, Hildoceras. Ils sont toujours écrits
avec une majuscule
Au-dessous du rang de genre, tous les noms
de taxons sont des combinaisons.
On distingue plusieurs catégories de combinaisons :
- Entre genre et espèce, les
combinaisons sont infragénériques et binominales:
nom de genre, puis après indication du rang, une épithète infragénérique, par exemple le cèpe appartient à la
section « Boletus sect. Edules » ;
- Au rang d'espèce, les
combinaisons sont spécifiques et binominales : Hexagonaria hexagona ;
- Au dessous de l'espèce les
combinaisons sont infraspécifiques et trinominales : Bollandia globiceps kleini
Pour
les rangs d’espèce et en dessous, les noms sont toujours en minuscule même
s’ils proviennent de noms propres.
À titre d'exemple, pour l'espèce humaine:
(vivant) → règne Animal → embranchement des Vertébrés →
classe des Mammifères → ordre des Primates → famille des Hominidés
→ genre des Homo → espèce Homo sapiens
Une espèce est donc désignée :
- par un nom générique (le genre) commençant par une lettre majuscule. S'il est
suivi d'un nom entre parenthèses avec majuscule, il s'agit du sous-genre.
Ainsi, Architectonica (Nipteraxis) plicata == > genre Architectonica, sous-genre Nipteraxis. Le
nom est parfois abrégé, s’il n’y a pas d’ambiguité ( Turritella imbricataria,
T. sulcifera ). Si le nom du sous-genre est le même
que celui du genre, il est indiqué par une abréviation : s.s. ou s.str. (stricto sensus, sens
strict). Nucula(s.s.) capillacea.
- par un second nom spécifique (l'espèce) dont la première lettre est obligatoirement
une minuscule.
Ce binôme (composé de deux noms) est imprimé en italique
pour indiquer qu'il s'agit de mots latins. Le nom de l’espèce est l’ensemble du
binôme et pas seulement l’épithète spécifique. La classification binominale,
ainsi que d’autres aspects formels de la nomenclature biologique, constitue le
« système linnéen » (du nom du naturaliste suédois Carl Linné qui l’a
formalisée).
- et enfin pour être complet ,
- de l'initiale ou du nom du
scientifique qui a décrit l'espèce en premier, généralement en majuscule, mais
pas obligatoirement.
- ainsi que la date de parution de la
publication.
Lorsqu'il est indiqué "Emarginula costata Lamarck, 1802", on sait que
l'espèce Emarginula costata a été
décrite pour la première fois par Lamarck dans une publication scientifique
datée de 1802.
Si le nom d'auteur est mis entre parenthèses, cela signifie
que le taxinomiste indiqué a été le premier à décrire l'espèce mais sous un
autre nom de genre que celui qui prévaut actuellement. Le nom est parfois
abrégé (Lamk pour Lamark)
Quand on se réfère à une espèce non déterminée, ou qui n’est
connue que partiellement ou par un seul individu, il est d’usage d’utiliser
l’abréviation « sp. » au singulier (et « spp. »
au pluriel) à la place de la seconde partie du nom scientifique ; de même,
« sous-espèce » est abrégé en « ssp. »
au singulier (et « sspp. » au pluriel), ces
abréviations sont écrites en romain.
Ce système binominal linnéen offre l’avantage important d’indiquer
l'apparentement de l'organisme en citant le genre auquel il appartient. En
lisant les noms de Architectonica (Nipteraxis) plicata et de Architectonica (Nipteraxis) marginata, on
sait que ces deux mollusques sont étroitement apparentés.
Cependant, dans la pratique (recherches, publications, communications…), de
plus en plus l'anglais, se positionne en parallèle avec le latin et tente même
parfois de le supplanter…Hélas pour les latinistes comme moi…
2.3.2 Utilisation de suffixes
Le nom des taxons au-delà du genre sont généralement des dérivés du latin
(ou latinisés) et reçoivent un suffixe attribué par défaut. Les noms
résultant de cette règle ne s’écrivent pas en italique. On emploie parfois le
même mot pour le nom d'un genre et une des espèces et/ou sous-espèces
incluse(s) dans ce genre. C’est la tautonymie.
La nomenclature a établi une terminologie codifiée qui permet, au vu de la
seule terminaison (ou suffixe) d'un taxon quelconque, de savoir quel est son rang
taxinomique dans la hiérarchie systématique :
Rang \ Règne |
Plante
Plantae |
Algue
Protista |
Champignon
Fungi |
Bactérie
Bacteria |
Animal
Animalia |
Embranchement, Division ou Phylum
|
-phyta |
-mycota |
|
|
Sous-embranchement, Sous-division
ou Sous-phylum
|
-phytina |
-mycotina |
|
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Classe
|
-opsida |
-phyceae |
-mycetes |
|
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Sous-classe
|
-idae |
-phycidae |
-mycetidae |
|
|
Superordre
|
-anae |
|
|
|
Ordre
|
-ales |
-ida (ptera chez les insectes) |
Sous-ordre
|
-ineae |
-ina |
Infra-ordre
|
-aria |
|
|
|
Superfamille
|
-acea |
|
|
-oidae |
Famille
|
-aceae |
-ida |
Sous-famille
|
-oideae |
-inae |
Tribu
|
-eae, ae |
-eae |
-ini |
Sous-tribu
|
|
-inae |
-ina |
Genre
|
-us, -a, -um, -is, -os, -ina, -ium, -ides,
-ella, -ula, -aster, -cola, -ensis,
-oides, -opsis… |
On retiendra qu’on utilisera le suffixe –us pour donner un « genre » masculin, -a pour donner un « genre »
féminin et –um pour donner un « genre » neutre.
Pour les espèces, les suffixes sont également
nombreux :
-i : dérivé
d’un nom patronimique ( lamarcki de Lamarck )
-ae : précise que le nom de personne est
féminin ( mariae de
Marie )
-orum : rapport à des
masculins pluriels ( morelletorum des frères Morellet )
-arum : rapport à des féminins pluriels ()
-ensis :dérivé d’un nom géographique ( parisiensis de Paris )
-ense : dérivé d’un nom
géographique neutre ( grignonense de Grignon )
-icus, -ica,
-icum : indique une appartenance ( articus de l’Arctique )
-nus, -na, -num : indique
l’origine ( calvimontana de Chaumont en Vexin )
2.4. Les clés de
détermination.
Les clés de détermination permettent d'identifier avec
précision les espèces. Ceci suppose la reconnaissance préalable des caractères
sélectifs propres à l'embranchement, la classe, l'ordre, la famille, le genre,
avant de parvenir à l'espèce.
Lorsqu'un nom est attribué à l'échantillon, il est conseillé
d'en vérifier la détermination en comparant l'exemplaire à un modèle déposé
dans une collection de référence, une illustration ou une description précise
de l'espèce.
Il existe des clés de détermination pour les différents
groupes zoologiques et à chaque niveau taxinomique : clés des ordres, des
familles, des genres, des espèces.
3. Origine et évolution des modèles
Toutes les classifications se présentent sous la forme d'un arbre
(classement arborescent), depuis une racine incluant tous les êtres vivants
existants ou ayant existé, jusqu'aux individus. Chaque nœud de l'arbre définit
un taxon, qui groupe tous les sous-taxons qu'engendre le nœud.
Le scientifique suédois Carl von Linné (1707 - 1778)
posa les fondations de la systématique, et fut l'auteur d'une classification
dont les grands principes furent la base de la systématique scientifique
jusqu'au milieu du XXème siècle.
Cette classification traditionnelle fait encore partie du bagage culturel
commun. Pourtant, elle reflète des causes de la diversité des êtres vivants (création
divine) qui n’ont plus rien à voir avec ce que nous pensons aujourd’hui de ces
causes (évolution).
Charles Darwin recommande en 1859 une classification purement généalogique.
S’il y a eu évolution, les espèces doivent être classées selon leur degré
d’apparentement évolutif.
Mais il faudra attendre près d’un siècle pour que nous y arrivions vraiment,
et d'abord pour que nous acceptions la généalogie comme inaccessible (qui
descend de qui ?) pour mieux nous concentrer sur la phylogénie (qui est
plus proche de qui ?). Dans la deuxième moitié du XXème siècle est apparue l'approche
phylogénétique pour laquelle le critère fondamental du choix de la
classification est qu'elle doit refléter strictement la phylogénie,
c'est-à-dire les degrés d’apparentement entre espèces. La notion même d'une
telle phylogénie est une conséquence de la théorie de l'évolution, et le succès
prédictif des arbres phylogénétiques une des preuves de cette théorie.
3.1. La
classification phylogénétique
En parallèle au système de classification traditionnel basé sur des
caractères morphologiques observables (phénotype) se développe donc aujourd'hui
une classification phylogénétique basée sur les caractères génétiques (génotype).
Celle-ci est plus difficile à établir, car des comparaisons de code génétique
devenant exponentiellement coûteuses avec le nombre d'espèces considérées lui
sont nécessaires. En revanche, cette nouvelle classification permet de mieux
visualiser les embranchements du vivant tels que constitués par
différenciations progressives au cours du temps. Il est évident qu’elle est
difficilement applicable aux fossiles (sauf si vous croyez à Jurassic Park).
D'après la classification en 5 règnes, au cours de l'évolution cellulaire
des organismes s'est produite une coupure fondamentale qui distingue le groupe
des eucaryotes et celui des procaryotes.
Les procaryotes sont unicellulaires, et leur matériel génétique n'est pas
enfermé dans un noyau. Ils possèdent des enzymes localisés dans la paroi
cellulaire et se multiplient par scissiparité. Ils constituent le premier
règne.
Tous les autres organismes sont appelés des eucaryotes. Leur matériel génétique
est enfermé dans un noyau ; ils possèdent des organites cellulaires, la
multiplication cellulaire a lieu par mitose et ils présentent souvent une
reproduction de type sexuée.
Les eucaryotes peuvent être unicellulaires ou pluricellulaires. Les eucaryotes
unicellulaires sont appelés des protistes et constituent le deuxième règne.
Enfin, les eucaryotes pluricellulaires sont divisés en 3 règnes, les champignons,
les métaphytes (végétaux chlorophylliens) et les métazoaires (animaux
pluricellulaires).
A la fin du XXè siècle, cette classification basée
sur la phylogénèse prend de plus en plus le pas sur les classifications
anciennes basées sur des choix subjectifs de critères de comparaison.
L'approche phylogénétique amène à considérer comme séparations les plus
anciennes celles entre eubactéries, archées et eucaryotes, sans qu'il y ait un
consensus sur la séparation la plus ancienne (le groupement procaryote dans le
tableau est une hypothèse parmi d'autres).
L'approche phylogénétique demande que les taxons soient limités à ceux qui
respectent les deux conditions suivantes :
- tous les individus du
taxon descendent d'un individu ancestral particulier ;
- tous les descendants de
cet ancêtre particulier sont dans le taxon.
On parle alors seulement de taxon monophylétique ou clade.
Cette contrainte a amené des modifications fondamentales de la classification
scientifique, certaines renversant le « sens commun » modelé par
l'héritage culturel. Ainsi les dinosaures n'ont pas disparu, la systématique
moderne incluant les oiseaux dans le groupement « dinosaures ».
Parmi d'autres exemples, les taxons traditionnels comme reptiles, poissons, algues, n'ont pas droit de cité en systématique phylogénétique, car
considérés polyphylétiques (origines multiples) ou paraphylétiques (incomplets). D'autres ont survécu, comme champignons, animal (métazoaires)
ou mammifères.
Remarquons qu'il n'y avait rien d'évident à ce que tous les animaux multicellaires partagent un ancêtre commun qui les sépare
de tout végétal ou champignon.
4.
Conclusion
Selon les publications, on trouve à ce jour des classifications de tout
type, depuis la classification traditionnelle à peine remaniée, jusqu'aux
classifications strictement phylogénétiques en passant par différents mélanges,
par exemple gardant les catégories, mais s'alignant sur les découvertes
récentes en matière de phylogénie.
Bref, une jungle !
Marc Jauniaux
5. Références :
http://fr.wikipedia.org/wiki/taxinomie
La bible de la taxinomie : Code International de
Nomenclature Zoologique ( ICZN : International Code
for Zoological Nomenclature) – adoptée par la XXème
Assemblée Générale de l’Union Internationale des Sciences Biologiques , 1985,
International Trust for Zoological Nomenclature in
association with British Museum (Natural History) London.
http://www.ucmp.berkeley.edu/help/taxaform.html : le taxon lift de l’UCMP (en anglais)
http://tolweb.org/tree/phylogeny.html : tree of life (en anglais)
http://www.cem-paleo.com : pour des exemples de publications sur la dénomination et la
renomination d’espèces d’Ammonites.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Homo_sapiens
Links-miscellaneous
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