Cher Monsieur,
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt cet article qui est parfaitement
réaliste quant à la description de la situation actuelle.
Cet article concerne essentiellement la paléontologie amateur. Il pourrait
être réécrit mot pour mot pour la situation de la minéralogie
en Belgique wallonne.
L'opposition professionnels-amateurs est réelle. Malheureusement lorsqu'une
collaboration s'installe, elle est en fait généralement une exploitation
de l'amateur par certains (heureusement pas tous) minéralogistes professionnels
qui ne voient dans cette collaboration qu'un strict intérêt professionnel
généralement personnel.
Les amateurs sont en quelque sorte les manoeuvres qui sont allés sur
le terrain et ont apporté leurs trouvailles. Lorsqu'un site nouveau ou
un échantillon s'avère digne d'intérêt, ces professionnels
-profitant du monopole des appareils onhéreux d'analyse indispensables,
diffracteur RX, sonde ou microscope électronique, etc...- avancent que
l'essentiel du travail intellectuel est leur oeuvre exclusive.
Et même lorsque l'amateur sérieux et très spécialisé
(jouissant par son cursus universitaire de toute la formation théorique
nécessaire), pourrait participer aux aspects plus théoriques de
l'analyse après réception des résultats bruts des analyses
(analyses que nos professionnels ont généralement confiées
à un laboratoire possédant le matériel nécessaire),
cet amateur est néanmoins considéré 'in fine' comme un
gêneur lorsque la découverte est digne de publication, par exemple
lors de la découverte d'un nouveau minéral, voire écarté
au motif d'une querelle volontairement provoquée...
Et cela parce que le fondement d'une carrière scientifique est basé
sur les publications de niveau notamment international. Il est donc nécessaire
que notre chercheur professionnel, devenu indélicat, conserve la primauté
comme auteur de la publication sur la découverte faite.
Le dernier exemple belge est celui de la Graulichite-(Ce)...(l'amateur spécialisé
avait distingué l'échantillon exceptionnel de nature inconnue
et avait même été bien plus loin dans une détermination
structurale, mais il fut oublié).
La protection des sites devrait prendre cadre dans une collaboration honnête
entre professionnels et amateurs, l'accès laissé notamment aux
amateurs qui acceptent cette collaboration et ne placent pas l'aspect mercantile
avant l'intérêt scientifique.
Un certain nombre de comportements devraient être définis dont
celui de faire un inventaire régulier des minéraux ramassés,
inventaire remis à une institution scientifique et accompagné éventuellement d'échantillons.
A contrario, notre amateur devrait être associé à toute
publication, restant au demeurant notamment propriétaire de tous les
droits intellectuels liés aux échantillons par lui remis, droits
dont il est logique qu'ils soient partagés avec le chercheur professionnel
auquels les échantillons ont été remis.
Il y a au demeurant une science où cette pratique est courante: toute
comète porte d'office le nom de son ou ses premiers découvreurs...
Or ici, qui plus est, la découverte visuelle est un objet virtuellement
immatériel au sens du droit civil.
DEHOVE José
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