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© Texte et Photos : MJX, sauf indication contraire.
Nous avons creusé pour vous...
Pour le
commun des mortels, une mine est un ouvrage souterrain, généralement constitué
de galeries, d’où l’on extrait par un puits charbon ou minerais.
Une
carrière est un grand trou dans le sol d’où l’on extrait des pierres ou
d’autres matériaux de construction...
"Trop facile !" Direz-vous....
En voici quelques exemples…A vous de deviner….(réponses en bas
d’article).
Difficile à dire ? C’est en effet beaucoup plus compliqué qu'on ne croit…!
Il y a des
carrières souterraines, par exemple à la Malogne où
on extrait de la craie pour le phosphate qu’elle contient, les ardoisières sont
toujours ainsi, une partie des célèbres carrières de marbre de Carrare sont
souterraines...et même en plein Paris il y a des carrières de pierre (les
bâtiments du dessus proviennent du dessous et y retourneront si on n’y prend
pas garde...)
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Carrare (I) |
Carrare (I) |
"fontis" en plein Paris (F)
(ref Internet) |
Et de
surcroit, il y a des mines à ciel ouvert, comme les mines de charbon du
Spitzberg , celles de lignite de Inden , mais aussi
plus connues, la mine de diamants de Kimberley, la
mine de cuivre de Bingham Canyon (Kennecott)...
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Spitzberg (N)
(photo BVK) |
Inden (D) |
Bingham Canyon Copper Mine (USA)
(réf Internet) |
Pour éluder
la question, on parle plutôt de sablière pour
l’extraction de sable, d’ardoisière pour l’ardoise, d’argilière pour l’argile,...mais
ce sont en fait des carrières.
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Ardoisière de Bertrix (B) |
Sablière de Fontainebleau (F) |
Argilière de Boom (B) |
Ne dit-on
pas que l’on juge les gens sur la
mine, et la mine, c'est en allant au fond des choses qu'on l'exploite...Et que c’est en creusant qu’on peut
faire carrière...(cfr citations.php )
Le petit
Larousse précise (dans le sens qui nous occupe) :
Carrière :
Endroit où l’on exploite des produits minéraux non métalliques ni carbonifères,
et en particulier des roches propres à la construction.
Mine :
Cavité creusée dans le sol pour extraire le minerai ou le charbon.
En France, et dans les pays régis par le code Napoléon, le code minier donne la définition légale
d'une mine.
La notion repose uniquement sur la nature du matériau, que l'extraction se
fasse à ciel ouvert ou en sous-sol. Sont concernés, les combustibles (charbon, hydrocarbures,
gaz), les métaux (fer, cuivre) et quelques autres matières minérales (sel, soufre).
Pour les produits qui ne figurent pas dans la liste, on parle de carrières,
il s'agit notamment des matériaux de construction sable, argile, gypse, calcaire
etc. Ils relèvent de la législation sur les ICPE (installations classées pour
la protection de l'environnement).
Le terme carrière désigne également une installation industrielle complète
comprenant un lieu d'extraction, les machines servant à traiter la roche
extraite ainsi que les ateliers où sont coupés et taillés les blocs de roches.
Au regard du Code civil, le propriétaire du
sol (le "fonds") est propriétaire du "tréfonds" et en est responsable.
Le "tréfonds"
est un vocable de la langue juridique. Il désigne le volume de terre se
trouvant sous la surface du sol jusqu’au centre de la terre. Le mot est
synonyme de "sous-sol".
Etre responsable du tréfonds ne
veut pas dire qu’on peut en disposer librement.
L'utilisation du sous-sol fait
l'objet de dispositions particulières. Il en est ainsi pour les carrières, mais
aussi pour l’enfouissement de cuves, réservoirs, et même les fouilles
archéologiques, le creusement d’un puits. Il en est de même pour les mines pour
lesquelles le Code minier règle l'exploitation du sous-sol, soit directement
par l'État, soit par l'intermédiaire d'une entreprise bénéficiant d'une
concession.
Depuis Napoléon (1810), les concessions minières sont désormais accordées à
perpétuité. Cela permettra l'installation de puissantes sociétés établies sur
d'immenses concessions (exemple les 2 derniers grands charbonnages du bassin de
Charleroi : Monceau-Fontaine et Le Roton).
L'implantation d'une carrière obéit à plusieurs critères :
- géologiques évidemment, les matériaux propres à une utilisation
humaine n'étant pas distribués géographiquement de façon homogène.
- commerciaux : la proximité des lieux de consommation est vitale,
le transport comptant pour beaucoup dans le prix de vente.
- de sécurité
- réglementaires et environnementaux
- les contraintes d'urbanisme
La superposition sur une carte de l'ensemble de ces contraintes permet de se
rendre compte des possibilités d'ouvertures d'une carrière... mais également
qu'elles sont énormément réduites et posent aujourd'hui de sérieux problèmes
d'accès à la ressource notamment lorsque l'on sait que la pierre est la
deuxième matière naturelle la plus consommée après l'eau (environ 20 kg par
jour et par habitant ). (cfr à ce titre les difficultés d’obtenir un permis d’exploitation pour la nouvelle
carrière du Tellier des prés à Ecaussinnes).
L'impact des carrières sur leur environnement à long terme est différent
suivant leur mode d'extraction :
- Les carrières souterraines sont aujourd'hui souvent abandonnées. Elles
représentent un grand danger d'effondrement car les infiltrations d'eaux
les fragilisent. Elles peuvent provoquer de graves dégâts aux habitations
construites au-dessus. (cfr le château d’Havré).
Château d'Havré (B)
- Les carrières à ciel ouvert en roche massive modifient de façon
importante le paysage, en créant des falaises, en découpant des collines,
en créant des trous profonds en plaine. (cfr les
merlons de Nocarcentre)
Nocarcentre en février 2005.
-
Il est difficile de mesurer l'impact à long terme des extractions dans
les lits des rivières ou en mer, cela dépend de la résilience écologique
du milieu et de la rapidité du retour des alluvions. Les extractions
mènent souvent à la création de plans d'eau nouveaux en laissant la nappe
phréatique sortir à l'air libre ;
Les impacts des carrières à court terme sont :
-
les vibrations des tirs de mine : Les tirs n'étant jamais
"parfaits", ils subissent une déperdition d'énergie. Cette
énergie part dans la roche et se transmet aux murs des maisons. La
réglementation fixe des limites strictes aux vibrations maximales admises
sur les structures autour des carrières. Le respect de la réglementation
n'empêche pas les réclamations (dont certaines ne sont pas toujours
exemptes de mauvaise foi et de calculs financiers) ;
-
les vibrations du transport par camion : bien moins remarquées,
car non spécifiques aux carrières, leur intensité est souvent bien
supérieure à celles des tirs de mine ;
-
le bruit : les appareils de broyage sont particulièrement
bruyants, tout comme le bruit de la roche tombant dans la benne d'un
camion vide et le bruit des avertisseurs sonores de recul des engins. La
réglementation encadre là aussi les niveaux de bruit maximaux acceptables
en bordure d'exploitation en période diurne et nocturne;
-
la poussière : la circulation des engins sur les pistes, ainsi
que le concassage et le criblage soulèvent beaucoup de poussière.
La
remise en état des sites après la fin d’exploitation dépend de leur type :
Les carrières sont considérées comme des installations
classées pour la protection de l’environnement (ICPE), elles doivent faire
l’objet d'une remise en état qui est soumise à une garantie financière au
profit de l'Etat que l'exploitant doit contracter auprès d'une banque ou d'une
compagnie d'assurances. De plus cette remise en état vise à une réutilisation
du site.
Pour les mines, le code minier
exige actuellement, que l’arrêt des travaux s'accompagne de mesures destinées à
faire cesser «toutes séquelles, désordres et nuisances de toute nature,
générées» par les activités minières. Cette disposition est applicable aux
exploitations en cours.
Pour les anciennes mines abandonnées et pour celles dont les
exploitants sont défaillants ou disparus («mines orphelines»), l'Etat se
substitue aux exploitants pour la mise en sécurité des sites au moyen des
procédures de travaux d'office et pour limiter les conséquences des anciens
travaux. C’est le cas par exemple à Paris.
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Charenton : en route pour le tréfond |
Carrière sous le Val de
Grâce |
Carrière "caves du Roy" à Sèvres |
Ce sujet sera décrit plus amplement dans un autre article à paraître.
Marc Jauniaux
Réponses :
1 : Ancienne mine de la Vieille Montagne à Moresnet (B) (extraction
de minerai de zinc)
2 : Carrière d’ocre (grès colorés) à Gargas (F)
3 : Ancienne mine de charbon de Blegny-Trembleur (B)
4 : Mine de galène et pyrite à Vedrin (B) actuellement utilisée
pour le pompage d’eau.
5 : Carrière d’Obourg (B) (extraction de craie pour la fabrication
de ciment)
6 : Ancienne carrière Nocarcentre à Ecaussinnes (B) (extraction de
graviers calcaires)
7 : Mine de diamant de Murfreesborough (USA)
8 : Mine de l’Etoile à Lubumbashi (RDC) (extraction de minerai de
cuivre)
9 : Carrière d’Ocre (F) (extraction de sables/grès colorés)
Références :
http://www.paca.drire.gouv.fr/ssol/mines/mines001.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mines_en_France
http://fr.wikipedia.org/wiki/Carrière_(géologie)
http://geoindec.ibelgique.com/docmine/histconc/histocon.htm
Article paru dans le Lithorama N° 9 de novembre 2008 et dans la revue de l'Escargotite (vol 16 - n° 168) de novembre 2010.
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