Mercredi 23 janvier 2002 à
20:15 sur RTBF 1 : Emission "Appel à témoin"
sur le Hold-up du 19 novembre 2001 à Nocarcentre
Un stock d'explosifs dans la nature
Extrait du journal Le Soir du mardi 20 novembre
2001
Ecaussinnes :
Quatre hommes armés ont attaqué
l'entreprise Nocarcentre !
Un stock d'explosifs dans la
nature !
A l'aube, la carrière écaussinnoise réceptionnait
un stock d'explosifs lorsque quatre hommes armés ont fait
irruption. Un butin de 300 kilos qui a de quoi inquiéter.
GISÈLE MARÉCHAL
Un hold-up au butin d'un genre très rare a été commis ce
lundi matin à Ecaussinnes-d'Enghien : pas moins de 300 kilos
d'explosifs ont été volés lors du braquage de l'usine Nocarcentre
(Nouvelle carrière du Centre) qui exploite une carrière de
60 hectares de calcaire afin de produire des concassés,
notamment à destination des travaux publics.
Lundi vers 6 heures, un camion en provenance de l'usine
d'explosifs Nobel, à Châtelet, venait d'arriver dans la cour
de l'usine, accessible via la rue Perniaux, au centre de la
localité. Des ouvriers déchargeaient la commande du jour que
réceptionnaient le chef mineur et le foreur, lorsqu'un véhicule
de type 4 X 4, un pick-up, est arrivé par l'entrée
principale. Quatre individus en sont sortis, encagoulés et
armés de gros calibres, sans doute des fusils à pompe.
Du matériel de pointe difficile à manier
Ils étaient polis mais déterminés, explique M. Neyns,
le directeur. Ils ont demandé à mes deux employés, au chauffeur
et au convoyeur de Nobel, de se coucher au sol. En leur disant
que rien n'arriverait s'ils se comportaient calmement. Ils
ont demandé du Semtex, mais ce genre d'explosif n'est pas
utilisé à usage industriel en Belgique. Ils se sont alors
fait remettre 50 kilos de poudre noire, 200 kilos de dynamite
en bâtons de 40 centimètres pour un diamètre de 85 mm, 75
kilos d'irémite et une trentaine de détonateurs non électriques.
Le tout avait disparu en moins de deux minutes.
M. Neyns reconnaît qu'il trouvera difficilement le sommeil
ces prochains jours. Même si on se répète que ces malfrats
ne sauront sans doute rien faire de ces explosifs, précise-t-il
comme pour se rassurer.
Les matières dérobées à l'aube de ce lundi sont celles qu'utilisent
en général les carriers, nombreux dans cette région du nord
du Hainaut. Après avoir fourni Nocarcentre, le camion de Nobel
devait se rendre chez Gauthier-Wincqz, à Soignies. La dynamite
sous forme de bâtons, se place après carottage dans la pierre,
à une petite vingtaine de mètres de profondeur. La mise à
feu s'effectue au moyen de détonateurs qui permettent la mise
à feu. L'onde de choc produite par l'explosion détruit la
pierre qui se détache de la paroi.
Il faut être fin connaisseur de ces produits pour parvenir
à l'explosion, explique M. Neyns. Même si l'on fait
exploser un bâton jeté sous un fourgon, par exemple, celui-ci
pourra être projeté en l'air avant de retomber au sol. Dans
un local, il n'est pas évident d'effectuer un carottage à
des fins criminelles.
Un vol fameux en 1984 à Ecaussinnes déjà
Les vols d'explosifs sont rarissimes. Notons toutefois qu'en
juin 1984, un cambriolage à la carrière de Scoufflény, à Ecaussinnes
déjà, avait permis aux voleurs d'emporter plus de 800 kilos
de dynamite. Des bâtons ont été utilisés plus tard en Allemagne
et en France, lors d'attentats manqués : leurs numéros
avaient permis aux enquêteurs d'affirmer qu'ils avaient été
dérobés en Hainaut. Le juge d'instruction montois Van Spitael
avait à l'époque entendu des suspects terroristes à Paris.
A l'époque de l'arrestation des membres présumés des CCC,
le dossier montois avait été transféré à Bruxelles, mais jamais
le vol de Scoufflény n'avait été formellement attribué au
groupuscule terroriste belge.
L'enquête sur le vol de lundi est dans les mains du service
judiciaire de l'arrondissement de Mons.
Espérons que les malfrats soient bien vite pris et
leur dangereux butin récupéré.
En attendant la carrière
nous est toujours ouverte (moyennant autorisation préalable).
Nous avons pu d'ailleurs assister à un très
spectaculaire tir de mine.
Le 21 décembre 2004, Nocarcentre fermait hélas ses portes et la carrière est maintenant ennoyée et inaccessible. |